Ce matin, je me présente au bureau de poste de mon bled pour poster un colis. La postière grimace, tirant de toutes ses forces l'étiquette auto-collante qui sortait trop peu de l'appareil.
Du bout des doigts elle avait beau tirer, rien ne sortait. Tout bonnement, voulant l'aider, je lui demande si le rouleau ne serait pas vidé.
Elle vérifie et me dit qu'il reste encore trois étiquettes, donc aucune raison pour que l'étiquette reste coincée. J'ose finalement lui demander, est-ce que vous collez quelque part dans votre vie?
Les yeux écarquillés, elle murmure : oui, ici! Y'a longtemps que j'aurai dû quitter ce boulot! J'ai l'âge de la retraite.
Finalement, elle se résigne à changer le rouleau et se rend compte que les étiquettes restantes sont bel et bien collées. Impossible de les dérouler.
Au moment où elle s'apprête à répéter l'opération pour obtenir une nouvelle étiquette, voilà que son ordinateur plante! Découragée, elle se confond en excuses, sachant que son ordinateur prend une éternité à redémarrer. Soyons patientes, rien ne presse ce matin!
Histoire de passer le temps, elle souligne que c'est étrange toutes ces histoires de rouleaux achevés car depuis un an, chaque fois qu'elle se présente à la caisse de son épicier, à sa succursale bancaire ou ailleurs, le rouleau est tout le temps au bout et la préposée doit le changer, ce qui la retarde dans ses courses.
Tout bonnement, je lui demande si dans sa vie personnelle, elle se sent au bout du rouleau depuis un an. Elle me regarde, les yeux encore plus écarquillés et me dit: ' Mais bien sûr! Je suis tellement au bout du rouleau et épuisée que je me suis tapée une pneumonie cet été'.
Sachant que la pneumonie est reliée à la joie de vivre, j'ose le lui partager. Elle confirme alors que son travail est devenu une tâche pénible pour elle. Elle ajoute il y a un an que je retarde de prendre ma retraite! Un an dites-vous?
Ainsi la vie voulait lui signaler que cette retraite était sans doute le meilleur choix pour elle. La Vie, cette fidèle alliée, ne veut que nous aider à être plus heureux. Sommes-nous à son écoute en toute conscience ?